La Bafouille du Dimanche n° 238 : Que ça passe vite !

Salut à toi lectrice et lecteur, fidèle ou curieux de la Bafouille, tu vas bien ? Je vais commencer par remercier toutes celles et ceux qui sont venus faire un tour à la 1ère Répèt' En Public qui a eu lieu vendredi dernier car sans leur présence, pas de Répèt' En Public possible.
J'espère vous revoir en concert dès que possible.
Putain, 30 ans !
Il y a 30 années, jour pour jour, j'ai signé mon 1er contrat de travail en tant que vendeur dans un magasin de musique. J'avais auparavant fais des stages ici et là dans d'autres boutiques, j'avais parfois bossé à l'œil (payé en matos) c'était assez courant à l'époque.
J'ai vu le métier évoluer, les demandes ont bien changé durant ces 3 décennies. L'envie n'a pas changé, j'aime toujours autant ce métier même si parfois je grogne, je m'agace sur certaines choses, c'est pour moi le plus beau métier du monde.
J'ai eu cette envie assez tôt.
Je me souviens de cette boutique qui été en haut des escalier Denis Papin à BLOIS, DISCOMUSIC. J'allais souvent squatter le lieu. Il y avait un vendeur dans le fond de ce magasin qui s'appelait José. Je pense qu'il a été le 1er vecteur qui m'a donné envie de faire ce métier. Je devais avoir dans les 15-16 ans, je faisais déjà de l'informatique musicale, on n'était peu à l'époque à faire ça.
Je lui filai des astuces, lui me montrai des nouveaux synthés à l'époque, je me souviens des synthés ENSONIQ, j'en rêvai.
Mes études étaient aléatoires à cette époque, je ne me retrouvais pas dans ce qu'on me demandait de faire, puis un jour je vois dans un journal une annonce proposant un Bac Commerces et Services avec 2 options. Attention t'es pas prêt : Grande Distribution ou Ventes de claviers numériques et Informatique Musicale ! Devine laquelle j'ai choisi ? J'ai signé tout de suite !!
C'est à ce moment que j'ai croisé mon associé actuel. Je te pose une photo ici, nous sommes tous les deux que la photo. Laurent (HENDRICK du nom, ben oui c'est son blase sur l'enseigne) est facilement reconnaissable, par contre tu vas avoir du mal avec moi. Tu as le droit de te foutre de notre gueule à condition que tu postes ta tronche de 18 ans en commentaire.
A cette époque, Laurent était stagiaire à MUSIDISC à Vendôme, j'étais moi stagiaire dans la même enseigne à Blois. On avait déjà ça dans le sang. Lui avait ensuite décidé de bosser directement pour Hall MUSIC avant de monter son 1er magasin PERCU TOURS.Moi je continuais en BTS Force de Vente (ça fait un peu STAR WARS l'intitulé) sous l'enseigne MUSICTOCK, formé par Eric PLAISANT avec lequel j'ai travaillé par la suite durant 15 années.
Eric avait eu une vision du commerce qui a changé ma façon de faire. Le sens de l'accueil, se bouger pour trouver une solution quoiqu'il arrive, aller dans le sens de la musique.
Je me souviens de cette époque où on voyait débarquer des jeunes en mob le samedi, ça jouait dans la boutique puis on voyait les parents se pointer pour acheter le matériel. J'ai toujours connu les clients nous apporter quelques petites attentions (sucrées ou salées) parce qu'ils étaient satisfais du conseil, du service.
Et puis j'ai connu les grèves à répétition, les loyers de malades, les achats qui se sont envolés sur le Net. Trop de personnels, trop de charges, tu prends ta calculatrice et c'est plus possible, c'est plus viable et c'est la descente aux enfers.
22 ans de boutique qui finissent par " Tu mets FERMETURE DEFINITIVE sur la vitrine, tu prends tes affaires et tu rentres chez toi... "
Ça m'a mis un coup, ça m'a rendu malade, on faisait le job pourtant même plus, on n'était au même prix que le Net, on était une belle équipe, ça m'a vraiment fait chier (pas d'autres mots) de se voir voler par des structures qui ne sont pas à taille humaine. S'il n'y avait pas cette fainéantise et égoïsme ambiants, ça n'arriverait pas. C'est quand même facile de se mettre à la place de quelqu'un, juste 2 minutes et comprendre que son achat n'est pas anodin, merde. Tu es pressé à ce point ? Parce que sur les envois on ne peut pas dire, il sont forts mais c'est tout.
Pour le reste, certaines marques ont aussi tout fait pour flinguer les magasins, quelles crèvent ! Je sais, c'est un peu cash mais si on suit leur résonnement il n'y aura plus rien.
Je me souviens de cette photo d'une rue à Blois du type avant/après. Une rue avec une station service, un bistrot, une épicerie, une boulangerie puis sur le cliché actuel, une rue rétrécie par une voie dédiée aux vélos et trottinettes, un distributeur de biftons et un opticien, point barre ! C'est ça l'avenir. Plus de contact, plus de d'interactions sociales. C'est comme ça qu'on crée des dingues.
Dès le jour de fermeture de la boutique pour laquelle je travaillais, Laurent m'a contacté et je me souviens de sa phrase : "faut qu'on monte un truc ensemble! Passe me voir à la boutique".
La fermeture a été tellement violente que j'ai failli faire autre chose, changer de métier. Je n'avais plus confiance en l'humain, plus confiance en moi et puis il y a eu ces personnes qui m'ont envoyé des centaines de mails m'exhortant à rouvrir une boutique parce qu'elles considéraient mon activité et mes actions importantes pour eux. Ça m'a fait tellement de bien.
C'est évident qu'un magasin de musique participe à l'épanouissement culturel, à la pratique instrumentale qui profite aux écoles de musique, aux professeurs. Nous sommes partenaires de festivals, nous sommes partenaires de structures culturelles.
Je me souviens du CHATO DO (salle de concert, de répèt' et studio d'enregistrement qui ont 30 ans aussi), venu nous demander un soutien pour leur fonctionnement, prêts de matos pour les concerts. Nous avions dit oui tout de suite, c'était une évidence pour nous.
Il y a même eu une époque où ces structures avait failli disparaitre, nous avions participé à cette manif, prêt à tout péter pour qu'elles restent ouvertes. Bref, le message avait été entendu et les structures sauvées par les politiques du moment. 30 années de commerce à Blois et pas vu un politique ni un sbire dédié au commerce ou culture passer au magasin. C'est dommage parce qu'on a très certainement des idées. Là aussi, les interactions sont inexistantes. C'est ça être non-essentiel peut-être, les magasins de musique ne sont pas considérés à leur juste valeur.
En attendant, la boutique est debout. Tu peux y trouver du matériel de tout type, du neuf, de l'occasion. Nous pratiquons le dépôt-vente, le suivi des instruments à cordes et à vent, tout ce qui touche de près comme de loin à la musique.
Les Répèt' En Public continues à promouvoir les groupes locaux, tous styles confondus.
Pour être certain de pouvoir proposer un service de qualité, je me suis entouré de partenaires exceptionnels parce qu'on ne peut pas être partout.
Lutherie guitare (refrettage, électronique, collage suite casse...) Antoine DELESALLE - Le Local guitare.
Lutherie vent - HALL MUSIC - Antoine PIQUIER, facteur d'instrument à vent
Pour les violons/contrebasses, j'envoie vers les luthiers COPIN-LEMOINE, rue Beauvoir à Blois.
Si tu veux prendre des cours de guitare à la boutique le samedi aprem, j'ai aussi un prof dispo pour toi, Florent GIUDICELLI, contacte moi si intéressé.
Le magasin est aussi un lieu d'échange. J'ai très souvent des visites de clients qui viennent discuter un peu autour d'un café. Ces petits moments sont importants pour moi.
J'ai prévu de proposer des ateliers à la boutique, je t'en parlerai dans la Bafouille du dimanche prochain.
Enfin voilà, j'aime mon métier, j'aime les gens, j'aime la musique avec toutes ces facettes. Il me reste 12 inventaires maximum, après je passe le flambeau. Si ça t'intéresse, mais un peu d'oseille de côté et viens me voir dans 10 piges, je te formerai pendant 2 ans.
Cover or not cover ?
Là pour le coup c'est compliqué parce que l'interprète comme la chanson sont des monuments mais c'est aussi ça la diversité.
C'est tout pour aujourd'hui, on se retrouve mardi pour une journée continue 10h-19h.
Merci d'avoir lu jusqu'ici, si c'est là, c'est grâce à toi.
BISOUS Stéphane
Commentaires
Enregistrer un commentaire